Exclusif : Pourquoi Marie Charton a-t-elle décidé de traduire « La ronde des prétendants »

La ronde des prétendants de l’auteure égyptienne Ghada Abdel Aal, traduit de l’arabe par Marie Charton, publié par les éditions de l’Aube sort aujourd’hui pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.

Un évènement auquel Oum El Dounia s’associe avec beaucoup de plaisir. Pour vous en dire plus, sur cette traduction, Oum El Dounia a posé plusieurs questions à Marie Charton.

Oum El Dounia : qu’est-ce qui vous a motivé à traduire La ronde des prétendants, tellement de livres sont publiés chaque année en Egypte, pourquoi avoir sélectionné celui-là en particulier ?

Marie Charton : Lorsque j’ai lu le livre en 2009, j’ai beaucoup ri et je me suis tout de suite dit que j’aimerais que mes proches qui ne connaissaient pas le pays dans lequel je vivais le lisent. Il est très représentatif de la société égyptienne. On y trouve beaucoup d’humour, de l’autodérision, de la faconde et un grand sens de la répartie. Et puis ce livre sur le mariage est avant tout une critique acérée de la société mais ce qui le rend si séduisant, c’est que cette critique est portée par un immense sens de la comédie,  don que possède naturellement tout citoyen de cette terre d’Egypte !

La ronde des prétendants est une œuvre tellement authentique que les clichés auront du mal à lui résister.

Oum El Dounia  : C’est vous qui avez proposé ce projet aux éditions de l’Aube. L’avez-vous soumis à d’autres maisons d’édition. Comment a réagi l’éditeur face à la note de lecture que vous leur avez rédigée ?

Marie Charton : Cette traduction était en effet mon projet, et c’est sur ce projet que j’ai été sélectionnée pour participer à la Fabrique des Traducteurs au printemps 2011, programme qui s’est terminé par une lecture d’extraits de traduction au ministère de la Culture à Paris. Les éditions de l’Aube ont été séduites par cette lecture et la note que je leur ai fournie par la suite n’a fait que confirmer leur envie de publier cette traduction. Je n’ai donc pas eu à soumettre mon projet à d’autres éditeurs mais je pense que ce livre avait suffisamment de qualités pour en intéresser d’autres. 

Oum El Dounia : La ronde des prétendants est votre première traduction de l’arabe vers le français, ce texte présentait-il des difficultés particulières ?

Marie Charton : Oui, il n’a pas été simple de traduire ce livre ! L’auteure, Ghada Abdel Aal, possède une langue égyptienne très riche, c’est-à-dire qu’elle peut aussi bien employer la langue parlée par les classes les plus éduquées comme celle utilisée dans les classes populaires. Et dans la société égyptienne, le spectre linguistique entre ces deux entités est très large. Pour comprendre les subtilités de la langue j’ai questionné à plusieurs reprises trois amis égyptiens, dont deux amies traductrices du français vers l’arabe. Ce qu’il faut savoir est que ces trois personnes ne comprenaient pas toujours exactement la même chose ! Certaines expressions, par exemple, ne sont comprises que dans les milieux populaires.

S’ajoute à cela qu’il est toujours difficile de traduire de l’humour. Les blagues n’ont pas toujours un équivalent et ne produisent pas toujours le même effet.   

Oum El Dounia : Avez-vous d’autres projets de traduction ? Les éditeurs français sont-ils frileux ou réceptifs aux écrits venant du monde arabe ?

Marie Charton : Je n’ai pas encore signé de nouveau contrat mais il y a des livres que j’aimerais voir traduits. Je participe dans le cadre de Marseille-Provence 2013 à un projet de découverte des littératures émergentes des pays de la Méditerranée. Pour ce projet intitulé Levées d’encres, porté par le Collège International des Traducteurs Littéraires d’Arles, je suis chargée de la région Machrek et j’espère qu’il donnera envie à des éditeurs de publier des traductions. Je crois que les éditeurs français sont réceptifs aux écrits venant du monde arabe et je pense même qu’ils sont en demande. Mais ces écrits, il faut aller les chercher sur place, ils ne font pas beaucoup  parler d’eux hors des pays où ils sont édités. C’est aussi notre rôle, à nous traducteurs, de dénicher de bons livres et de les faire voyager.

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